Petit bébé a très envie de venir sur terre. De là-haut, il voit une famille qui pourrait lui convenir. Chouette, se dit-il une maman, un papa et une petite fille qui deviendrait sa grande sœur. Mais, il y a un problème… La maman est une fumeuse. Outre le fait que le tabac va directement l’affecter (les principaux constituants issus de la combustion du tabac passent la barrière placentaire), il craint d’être orphelin de mère prématurément.

En raison du risque d’altération de la fertilité multiplié par 2, il pourrait peut-être ne jamais être conçu. Et il n’a aucune envie de retourner là d’où il vient, en cas de fausse couche spontanée (risque multiplié de 1,5 à 3 de façon dose dépendante) ou, alors qu’il n’est qu’un fœtus, en cas de mort in utéro (liée aux complications placentaires et aux risques de croissance intra-utérins).

Sa maman peut avoir des complications obstétricales : risque de grossesse extra-utérine (multiplié par 1,7), d’hématome rétro-placentaire (risque multiplié par 2), de placenta prævia (risque multiplié par 1,5), de rupture prématurée des membranes (risque multiplié par 1,8), d’anomalies de la cicatrisation après césarienne.

Petit bébé voudrait que son cerveau se développe avec le plein d’oxygène et sûrement pas en anoxie avec le monoxyde de carbone. Etre un bébé de petit poids avec un retard de croissance intra-utérin, naître prématurément, risque d’être un handicap pour démarrer dans la vie. Devenu nourrisson, il n’aimerait pas non plus le risque de mort subite du nourrisson (risque multiplié par 2), ni de détresse respiratoire, de pneumopathie, d’asthme…

Soudain une lueur d’espoir naît : la maman a décidé de ne plus fumer avec l’aide de thérapeutes et avec des substituts nicotiniques sous contrôle médical. Il n’est jamais trop tard pour arrêter le tabac, le bénéfice sera immédiat et à plus long terme.

Il reste cependant un perturbateur possible par pollution tabagique passive : le papa va aussi arrêter le tabac pour soutenir sa femme et ainsi préserver sa santé. Et sur le lieu de travail de la maman, pas de problème, l’environnement est non-fumeur.

Petit bébé est content : plus de menaces liées au tabac à l’horizon !

C’est le moment de se préparer à naître après 9 mois de développement harmonieux, passés dans un ventre douillet, accueillant et plein de bienveillance. Il s’est régalé de fraises et bien sûr, il y a eu zéro alcool pendant toute la grossesse : avoir un retard staturo-pondéral pré et post-natal, un visage modifié, des malformations du cerveau, du cœur, du rein, des membres ou avoir de façon isolée un retard mental avec des troubles neurologiques et comportementaux, très peu pour lui !

Epilogue
Si une naissance peut faire cesser l’intoxication tabagique de plusieurs personnes, alors vive les naissances ! Et ce d’autant plus que le tabac ne sera pas repris après l’accouchement.

Les futurs bébés n’ayant pas été imprégnés de nicotine pendant la gestation risqueront moins de devenir fumeurs à l’âge adulte. Tant garçon que fille, ils ne connaîtront pas d’altération de la fécondité liée au tabac et donneront naissance à de nouveaux bébés, perpétuant ainsi la vie dans un environnement sans tabac.

Dr Monique SOBANN, Unité d’Addictologie (tabac et alcool)

 

  • Envoyer par e-mail